Avec le film d’animation Saules aveugles, femme endormie, Pierre Földes adapte sur grand écran les nouvelles d’Haruki Murakami.
Quel était votre rapport aux livres de Murakami ?
J’ai découvert son œuvre comme n’importe quel lecteur. J’habitais à New-York, je travaillais comme compositeur à ce moment-là et une amie m’a offert un de ses bouquins pensant que ça me plairait et effectivement j’ai plongé dedans. J’ai adoré son ambiance si particulière, son style original, encore plus ses nouvelles.
Comment s’est faite votre connexion avec Murakami ?
Nous avons fait ce qu’il fallait pour entrer en contact avec lui par des voies officielles. À notre surprise, en quelque sorte, il a aimé ma proposition et il y a répondu en très peu de temps, favorablement. Ensuite ça a pris beaucoup de temps… mais la première réponse était très favorable.
Extrait du film Saules aveugles, femme endormie, de Pierre Földes.
Comment avez-vous choisi les nouvelles à adapter ?
Monsieur Murakami m’a dit : « Choisissez une nouvelle » parmi un large éventail et moi je lui ai dit en fait que je voulais en choisir plusieurs. Je ne savais pas exactement pourquoi je voulais en choisir plusieurs mais il m’a dit « ok » donc j’en ai choisi plusieurs. Je les ai sélectionnées simplement parce que je les aimais, sans savoir ce que j’allais en faire.
« Il y a une espère d’attirance vers la culture asiatique mais plus particulièrement japonaise. »
Aviez-vous déjà une curiosité pour la culture japonaise ?
Oui, je crois que, comme beaucoup, il y a une espère d’attirance vers la culture asiatique mais plus particulièrement japonaise. J’avais lu plein d’auteurs, comme Kawabata. Il y a dans la littérature japonaise quelque chose qui est très attirant au niveau de la construction narrative, qui est différente. Il y a une approche moins linéaire, avec des débuts et des fins moins catégoriques. Ce sont des choses qui m’attirent beaucoup.
« Je pensais qu’avec Murakami, qui vend ses livres à des millions d’exemplaires, ce serait super facile de monter le film, mais pas du tout. »
Quelles ont été les différentes étapes de préparation du film ?
La première étape est de se dire : « Ok, ça plaît à cet auteur que j’admire ». Ensuite, je crée un moodboard qui est sélectionné par Cartoon Movie, une grosse plateforme, un festival-forum. Et là on me dit de faire un teaser. Je suis tout seul, je n’ai pas un sou, mais je fais un teaser de 45 secondes. Et puis je vais à la rencontre de producteurs pour m’accompagner. Je pensais qu’avec Murakami, l’auteur japonais le plus célébré dans le monde, qui vend ses livres à des millions d’exemplaires, ce serait super facile de monter le film, mais pas du tout. C’était très étonnant, ça m’a surpris. Finalement, je me suis plongé dans ce milieu de la production française et j’ai commencé la longue marche du financement.
Lauréat de la mention du jury au festival d’Annecy 2022, du prix du meilleur film d’animation au festival Anima Belgique et du prix de la meilleure musique originale au festival des Arcs, Saules aveugles, femme endormie sort en salles le 22 mars 2023.
