Les religions des communautés asiatiques en France 1/2

Par Sophie Kloetzli
Photo de Dodomo/Shutterstock

Immigrés d’Asie de l’Est et du Sud-Est, ils perpétuent rites bouddhistes, chrétiens et musulmans en France. Plongée au cœur de leurs croyances.

Ils vénèrent aussi bien le Bouddha que le Christ ou Allah. En arrivant en France, les immigrés originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est ont importé avec eux des croyances et des rites très variés, qu’ils font vivre dans de nombreux temples, pagodes et églises, à l’occasion de fêtes religieuses ou encore dans l’intimité du cadre familial. Survol des principales religions pratiquées par ces communautés.

Bouddhisme

Difficile de parler du bouddhisme au singulier tant les traditions qu’il recouvre sont diverses. En France, il est pratiqué par les communautés issues du Vietnam, du Laos et du Cambodge, mais aussi dans une moindre mesure de Birmanie et de Thaïlande. Un peu à part, les traditions bouddhistes japonaise (ou « zen ») et tibétaine attirent principalement des Français sans origines asiatiques, bien que quelques lamas tibétains se soient installés en France, notamment dans le contexte de missions menées par des écoles bouddhistes tournées vers l’Occident.

Deux principaux courants sont à distinguer : le bouddhisme theravāda (Voie des Anciens), pratiqué par les Laotiens, Cambodgiens, Thaïlandais et Birmans, et le bouddhisme mahāyāna (Grand Véhicule), plus répandu chez les Vietnamiens, Chinois et Coréens.

Une diversité qui fait écho à celle des centaines de lieux de culte bouddhique bâtis sur le territoire français, réunissant temples et pagodes, monastères tibétains et dojos japonais.

En plus du Nouvel An bouddhique, célébré mi-avril par les Thaïlandais, Cambodgiens et Laotiens, les bouddhistes se réunissent chaque année à la Grande Pagode de Vincennes à l’occasion du Vesak, le jour de la pleine lune de mai, pour commémorer la naissance, l’éveil et la mort du Bouddha.

En marge de ces grands rituels, la plupart des bouddhistes sud-est asiatiques vénèrent le Bouddha à la maison, en entretenant éventuellement un autel dédié à celui-ci. Une pratique qui s’entremêle souvent aux croyances populaires et communautaires, comme celles que l’on désigne en Chine sous le nom de « religions traditionnelles chinoises » incluant le culte des esprits et des ancêtres. Par exemple, Guan Di est l’un des dieux les plus populaires de la religion chinoise mais il est également vénéré par les taoïstes et les bouddhistes.

Particularité réunionnaise, la communauté chinoise organise chaque année depuis un siècle une grande fête à son honneur.

 


 

Taoïsme et confucianisme 

Des trois piliers de la philosophie chinoise, le bouddhisme est celui qui s’est le plus solidement implanté sur le territoire français. Les deux autres enseignements, le taoïsme et le confucianisme, n’y ont pas à proprement parler de temples dédiés comme en Chine, bien que quelques divinités taoïstes soient vénérées dans certains lieux de culte, aux côtés de statues de Bouddha et d’autres divinités locales comme Caishen, le dieu de la richesse affectionné par les commerçants.

C’est le cas au temple de l’Amicale des Teochew, situé dans le 13e arrondissement de Paris, et plus largement dans les « Maisons de Bouddha » (fotang) intégrées aux structures associatives des communautés chinoises, expose Zhe Ji, professeur à l’Inalco. 

Au sens strict, le taoïsme ne peut exister sans clergé. Or, comme l’explique Marc Lebranchu, spécialiste du taoïsme occidental, « en Chine, ne sont considérés comme taoïstes que les prêtres ayant reçu une transmission rituelle, et certains laïcs ayant établi un lien individuel avec un maître.

Dans l’ordre Quanzhen — qui est l’un des deux courants principaux du taoïsme —, le seul officiant ordonné en France est Karine Martin, une Occidentale », ajoute-t-il en précisant que « les Français se revendiquant du taoïsme sont quasi exclusivement occidentaux, même si la plupart en ont une connaissance très limitée, doublée d’une vision très orientaliste et folklorique... »

Quant au confucianisme, sa présence reste discrète : tout au plus « les Chinois en sont imprégnés en ce qui concerne le culte des ancêtres et le respect de la piété filiale », remarque le chercheur. 

Article publié dans le numéro 16 de Koï, spécial religion.


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