Arts asiatiques : cinq expos à visiter depuis son canapé

Par Sophie Kloetzli

Depuis que leurs portes ont fermé en raison de l’épidémie de Covid-19, les musées français mettant à l’honneur les arts et artistes venus d’Asie font vivre leurs collections en ligne. Petite sélection d’expos pour un confinement tout en culture.
[Photo : Gangao Lang]

La poésie numérique de Gangao Lang

« C’est comme si la beauté venait de l’intérieur. C’est difficile à décrire mais vous pouvez réellement le ressentir ». C’est ainsi que Gangao Lang, étudiante au Shanghai Institute of Visual Arts, décrit ses portraits, intimes et énigmatiques, mettant en scène sa meilleure amie. Des images qu’elle retravaille ensuite numériquement — l’ajout de formes géométriques se conjugue alors à un habile jeu de lumières et de couleurs accentuant avec poésie les lignes et les volumes.

Lauréate du prix Dior de la photographie pour jeunes talents en 2019, la jeune photographe chinoise devait présenter sa série « Second self-introduction » à la Maison européenne de la photographie. Si l’exposition a été annulée, vous pouvez en découvrir une brève présentation sur YouTube.

Le tigre doré de Sarah Bernhardt

Regard menaçant, crocs apparents et queue dressée, ce majestueux tigre en bois laqué aux reflets dorés et aux yeux incrustés de verre, dit tora, semble prêt à vous bondir dessus. Cet objet emblématique de la collection japonaise du musée Cernuschi faisait partie des pièces phares du nouveau parcours inauguré le 4 mars après neuf mois de travaux.

Réalisée au XVIIIe ou au XIXe siècle par un artiste japonais inconnu, cette sculpture est passée entre les mains de l’actrice française Sarah Bernhardt (1844-1923), qui avait un faible pour les félins. Son mouvement saisi sur le vif et la justesse de ses proportions lui ont valu l’admiration des amateurs parisiens du japonisme de la fin du XIXe siècle.

Des paniers devenus sculptures

« Ma première intention est d’exprimer l’univers », expose avec simplicité Honda Shoryu, l’un des maîtres de la vannerie japonaise dont les œuvres ont été exposées au musée du quai Branly il y a un peu plus d’un an dans le cadre d’une exposition inédite au titre poétique : « Fendre l’air ». Inspiré de modèles chinois qui eux-mêmes cherchaient à imiter les formes sophistiquées de vases de bronze ou de porcelaine, l’art des paniers japonais a accompagné, au début de l’ère Meiji, le renouveau de la cérémonie du thé dont les arrangements floraux utilisaient des récipients en bambou. Cette tradition perdure aujourd’hui avec des œuvres parfois dénuées de toute fonctionnalité. Sur YouTube, retrouvez sept (courtes) rencontres filmées avec des artistes de l’exposition.

Si vous avez le temps, profitez du confinement pour vous plonger dans les 55 000 pièces de la collection Asie du quai Branly, de la Turquie au Japon. Une visite virtuelle du musée est disponible.

Un pilier de l’architecture nippone

Connu pour son architecture sobre et épurée, son usage du béton lisse et son penchant pour les volumes géométriques simples, Tadao Ando intègre à ses créations une réflexion existentielle sur l’architecture : « Vu que ce sont les hommes qui s’en servent, elle entretient des liens profonds avec le corps... Il faut que l’architecture accueille la joie de vivre des hommes. Sinon, notre corps n’est pas attiré vers elle ». Cette icône de l’architecture japonaise aime aussi mêler à ses œuvres des éléments naturels, comme dans sa célèbre Église de la Lumière (1989), construite à Ibaraki dans la préfecture d’Osaka.

Fin 2018, le centre Pompidou lui a consacré une grande rétrospective, à redécouvrir ici sur YouTube à travers le parcours d’exposition en présence de l’artiste — qui n’hésite pas à dessiner sur les murs du musée ! — et un entretien mené par Frédéric Migayrou, le commissaire de l’exposition.

Tout savoir sur le Bouddha 

Savez-vous vraiment ce que signifie entrer dans le nirvana ? Le Bouddha est-il représenté de la même manière partout en Indonésie, au Japon et en Chine ? Pour le savoir, (re)visitez l’exposition « Bouddha, la légende dorée » présentée au Musée Guimet fin 2019 à travers un portfolio et un podcast en compagnie de Thierry Zéphir, commissaire de ce parcours rythmé par les grandes étapes de la vie du Bouddha, de sa naissance au sud du Népal à sa mort, en passant par l’éveil, le premier sermon et l’accès au nirvana.

Le musée Guimet se mobilise également sur ses réseaux sociaux. Chaque jour, ses conservateurs reviennent sur un mouvement ou une personnalité qui a marqué l’histoire des arts asiatiques: vase Meiping, mandala du temple du Tôji de Kyoto, céramique chinoise


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