En plein boom depuis quelques années, les vins nature français séduisent aussi au Japon. À Coutures, non loin d’Angers, une entreprise nippone d’import-export a repris un domaine viticole en 2018 pour y produire ses propres cuvées bio et naturelles. Ses premières bouteilles seront commercialisées dès cet hiver au terme d’un long et minutieux travail alliant respect de la terre et amour du vin.
[Texte : Sophie Kloetzli – Photos : Frédéric Pétry / Studio Hans Lucas]
Qu’il paraît loin le Japon dans ce domaine angevin, avec ses allées de vignes inondées de fleurs et d’herbes sauvages, ses murets de pierre envahis de lierre, son vieux manoir où des moines cultivaient déjà la vigne trois siècles plus tôt... Il aura fallu une entreprise nippone d’import-export pour créer ce lien avec l’archipel, et une passion partagée pour le vin nature, en pleine effervescence dans la région.
« Le Japon est l’un des premiers pays à avoir suivi cette tendance. Le côté respectueux de la nature, sans intrants chimiques, plaît beaucoup. Ce sont aussi des vins qui vont bien avec la nourriture japonaise. On dit qu’ils ont un goût umami. Les blancs et les pétillants sont particulièrement appréciés », expose Kaya Tsutsui, le responsable des lieux, alors que nous arpentons les chemins boueux emplis du parfum des herbes humides et du chant des prairies. Au loin, derrière les trois hectares de vignobles qui épousent la colline bordée d’une forêt, se déroule paisiblement un paysage de campagne verdoyant.
Il y a trois ans, le petit-fils du fondateur de la société familiale Nichifutsu Shoji basée à Kobe — qui importe depuis un demi-siècle du matériel pour les boulangeries françaises au pays du Soleil levant, ainsi que des vins depuis une vingtaine d’années — reprenait donc les rennes de cette charmante exploitation « bio » baptisée les Jardins de La Martinière, imitant une poignée de compatriotes qui se sont placés sur le même créneau depuis les années 1990. Ils seraient aujourd’hui une dizaine en France selon lui. Formé aux métiers du vin dans un établissement local, le jeune viticulteur a d’ailleurs bénéficié des conseils d'Hirotake Ooka, l’un des premiers à s’être installé dans l’Hexagone pour faire du vin nature, dans la vallée du Rhône le concernant. Avec son acolyte Ludovic Joly, qui exerce le métier depuis dix ans dans la région, Kaya Tsutsui gère la production du vin de A à Z, du travail dans les vignes au développement commercial, avec une mise en vente qui pourrait débuter dès cet hiver — « si le vin est prêt », précise bien ce dernier, « car la fermentation n’est pas terminée dans certaines cuvées ».
Cet article est à lire en version intégrale dans Koï #24, disponible en ligne ou en kiosque.