Propulsé sur le devant de la scène à travers le succès international des groupes de K-pop, le canon de beauté coréen a conquis l’Occident en quelques années. Que se cache-t-il derrière la tendance K-beauty et jusqu’où pourra-t-elle aller ? Nous avons mené l’enquête.
[Texte : Emilie Huynh et Sophie Kloetzli. Illustration : Shutterstock/Rizza Avi Muchamad]
« The future is Blackpink », titrait l’édition américaine du magazine Elle mi-septembre en affichant en couverture les quatre membres du célèbre girls band sud-coréen. Une apparition hautement symbolique qui, au-delà du succès du groupe, marque aussi la consécration du canon de beauté coréen dans le monde occidental. Adulées par des millions de fans aux quatre coins de la planète, les stars de K-pop reflètent cette perfection à atteindre : une petite bouche charnue au-dessus d’un menton en forme de « V », de grands yeux noirs bordés d’une double paupière, un nez fin, un teint clair et immaculé, une silhouette menue...
Pour s’en rapprocher, les femmes en Corée du Sud n’hésitent pas à user du scalpel en plus des nombreux masques et soins d’une industrie cosmétique en plein essor. D’après un sondage de l’Institut Gallup Korea en 2015, un tiers des Sud-Coréennes âgées de 19 à 29 ans a déjà subi une intervention chirurgicale. Idem du côté des hommes, auprès desquels les groupes de K-pop et les acteurs de dramas coréens ont contribué à diffuser l’idéal du « flower boy », caractérisé par un visage glabre, une peau lisse, des traits fins… Un look que les Occidentaux qualifient volontiers d’efféminé ou androgyne.
Une icône de beauté « eurasienne » ?
Certains de ces critères de beauté — grands yeux, peau très claire... — ne sont pas sans rappeler les traits des visages caucasiens. Certains chercheurs n’hésitent pas à évoquer l’émergence d’un idéal « eurasien », façonné artificiellement à coups de bistouri allant jusqu’à la reconstruction faciale et qui consisterait à « occidentaliser » la morphologie coréenne. Un canon esthétique que la nature pourrait difficilement produire.
Cet article est à lire en version intégrale dans Koï #19, disponible en ligne ou en kiosque du 5 novembre au 5 janvier.