Marie-Laure Norindr s’est imposée à coups de poing et de pied dans le milieu très masculin des jeux vidéo de combat. Depuis ses neuf ans, la joueuse professionnelle d’origine vietnamo-laotienne écume les compétitions internationales où elle consolide sa réputation. Portrait d’une « e-combattante » célèbre qui est aussi streameuse, animatrice de télévision et organisatrice d’événements.
[Texte : Sophie Kloetzli – Photos : Julien Jakoby / Hubside]
Certains coups de cœur résistent au passage du temps. Celui de la petite Marie-Laure Norindr en fait partie. À sept ans, elle est « émerveillée » par la combattante chinoise Xianghua, l’une des héroïnes du jeu vidéo SoulCalibur. « J’avais envie de lui ressembler plus tard, de la jouer parfaitement bien. Je trouvais ses enchaînements magnifiques. C’était un peu ma poupée Barbie que je pouvais contrôler en appuyant sur des boutons, je trouvais ça dingue », s’amuse la gameuse tout juste trentenaire qui continue d’infliger des raclées via son personnage fétiche avec le même enthousiasme. Qu’on ne s’y trompe pas : derrière cette jeune femme au sourire facile, plutôt discrète, se cache une combattante chevronnée.
Avec plus de soixante podiums à son actif, elle est aujourd’hui la joueuse féminine la plus titrée des compétitions mixtes de jeux de combat : SoulCalibur, Dead or Alive, Tekken ou encore Street Fighter. Une performance qui lui a même valu d’entrer dans le Guinness des records en 2012 alors qu’elle en totalisait 42. À peine initiée aux bastons virtuelles, l’enfant écrase sans peine des adversaires deux à trois fois plus âgés qu’elle. « Mes deux grands frères invitaient leurs copains à la maison et j’arrivais à les battre », se souvient cette native du Val d’Oise. Encouragée par ces derniers, eux-mêmes champions de Tekken à cette période, elle s’inscrit à des tournois.
Qu’on ne s’y trompe pas : derrière cette jeune femme au sourire facile, plutôt discrète, se cache une combattante chevronnée.
À neuf ans, elle devient vice- championne de France sur Dead or Alive 2, aidée par ses deux personnages préférés du jeu, Kasumi et Ayane, qui lui ont inspiré son pseudo. Un exploit qui détonne dans un milieu essentiellement masculin. « On m’a regardée avec dédain, comme une pauvre gamine qui n’avait rien à faire là... » Pas de quoi la décourager : après ce premier titre, elle collectionne les trophées dans des tournois. À douze ans, elle représente l’équipe de France au grand tournoi mondial World Games Cup sur SoulCalibur II, où elle se hisse à la deuxième place, devient championne du monde féminine de Super Street Fighter IV... Jusqu’à la consécration ultime en 2019, lorsqu’elle atteint le Top 8 (à la septième place) sur SoulCalibur VI à l’Evolution Championship Series (EVO) à Las Vegas, compétition internationale de référence dans le domaine.
Cet article est à lire en version intégrale dans Koï #23, disponible en ligne ou en kiosque.